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Une collection Hermès à l’artisanat carré

C’est une collection qui tient une place à part dans l’univers de la maison Hermès. La ligne Hors-Série, qui sort ces jours-ci sa ­deuxième édition après son lancement, en 2021, tient particulièrement à cœur à Nadège Vanhée, directrice artistique des collections féminines depuis 2014. En moins d’une vingtaine de silhouettes, la créatrice propose une vision de la femme Hermès, ancrée dans l’artisanat et les traditions de la haute couture française.
« On peut dire en effet que cette collection est notre version de la haute couture, même si ces pièces ne sont pas façonnées sur mesure. Elles font appel à des savoir-faire qui sont les mêmes », souligne la créatrice à propos de cette ligne d’exception, dont les vêtements sont produits en quantité limitée et ne dépassent pas une cinquantaine d’exemplaires par pièce. « Ce sont des créations qui demandent du temps », ajoute-t-elle. Et on comprend pourquoi.
Réalisé à la main par une équipe dédiée et épaulée d’un réseau d’artisans maîtrisant les techniques traditionnelles de confection, ce vestiaire s’engage à faire vivre des matières et des tissus n’ayant pas trouvé d’usage. « Ce sont des tissus qui existent depuis mes toutes premières collections et que j’utilise chaque année, explique Nadège Vanhée. Ils font partie de ma bibliothèque de matières. Nous en gardons une partie qui est destinée à ce genre d’exercice. »
Parmi eux, on retrouve les carrés de soie, qui sont ici tissés à l’aide d’un ancien métier manuel, dans la trame en laine de vestes sans manches à col chemise accompagnées de mini-jupes. « A travers cette collection, l’idée est aussi de transformer l’évidence. Le carré de soie, cet accessoire qui peut être fonctionnel, tenir chaud autour du cou, protéger les cheveux de la pluie ou être juste un ornement, devient ici une partie intégrante du vêtement. » Des chutes d’organza ont quant à elles été utilisées pour la création d’une robe et d’un haut façon kimono en guipure de coton, dont le dessin s’inspire des rênes, mors et brides que l’on retrouve sur le carré de soie Le Mors à la connétable, édité en 1970.
La directrice artistique est allée chercher les savoir-faire là où ils se trouvent. La technique du point de Lunéville, par exemple, un type de dentelle datant du début du XIXe siècle sur laquelle des perles sont brodées à l’aide d’un crochet spécifique, se pratique uniquement dans un atelier de Lorraine. C’est là que furent confectionnées des jupes plissées dans lesquelles le motif Astrologie de la collection printemps-été 2019 apparaît en relief en perles de verre dans les pans brillants.
Les matières naturelles sont également au centre du propos : un plastron brodé en raphia et dont la forme s’inspire des ferronneries de la boutique de la rue Faubourg-Saint-Honoré, à Paris, est apposé sur un manteau en cachemire double-face blanc cassé ; des graines de buri et des perles de jaspes sont quant à elles piquées sur des lanières de cuir structurant un manteau en cachemire.
Ce vestiaire, qui n’est pas à ranger du côté des vêtements du quotidien, se situe exactement aux antipodes d’une mode éphémère. Ces pièces doivent « émerveiller les gens qui les possèdent. Ce sont des vêtements que l’on va porter pour des occasions très particulières, les garder longtemps et pouvoir les transmettre à ses enfants », conclut Nadège Vanhée.
Maud Gabrielson
Contribuer

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